L'enfant de neige by Georges Emmanuel Clancier

Auteur:Georges Emmanuel Clancier [Clancier, Georges Emmanuel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Publié: 1978-11-04T07:38:11+00:00

IV

L’Enfant de neige raconta à Mariette et Jean Prade, ses parents, la visite des petits villageois. Il dit combien il lui tardait d’aller les rejoindre prochainement pour jouer avec eux. Mariette s’alarma. C’étaient des garnements, soupirait-elle ; Noël risquait de se fatiguer à courir avec eux, ou même, ils se disputaient pour un oui pour un non, dans leurs bagarres ils pourraient le blesser. Jean Prade protestait, il ne fallait pas priver Noël des plaisirs de son âge, sous prétexte qu’il était plus délicat, plus fragile que les autres garçons. Noël les rassurait de son mieux. Mariette s’étonnait souvent de son langage : « Tu ne parles pas comme un enfant, mon petit », disait-elle.

— Mais si, affirmait Noël, mais en enfant de neige. Je suis ton fils, maman, mais je suis aussi fils de l’eau, du nuage, enfant des arbres, de la rosée. Alors mes pensées, mes paroles ne peuvent être celles d’un garçon de dix ou douze ans, pas plus que ce garçon ne pourrait avoir mon sang de neige, mon sang nouveau chaque hiver et pourtant ancien comme le monde.

Un soir où son père parlait devant lui de « travailleurs saisonniers », Noël demanda ce qu’on entendait par là.

— Hé bien, expliqua Jean Prade, les bûcherons par exemple, les scieurs de long, les vendangeurs. Ce sont des gars qui viennent s’engager pour le temps que durent les travaux forestiers ou bien les vendanges dans les pays de vignobles, et puis ils repartent quand la saison de leur travail touche à sa fin.

L’Enfant de neige resta un long moment silencieux, puis, d’une voix douce, il dit à ses parents :

— Écoutez, moi je suis un peu comme ces… travailleurs saisonniers.

— Que veux-tu dire ? s’inquiéta la mère.

— Il ne faut pas que tu t’attristes, maman, ni toi, papa… Mais voyez-vous, je suis fait de neige, vous le savez, et quand l’hiver est fini, quand commence une autre saison, la neige…

— Oh ! Noël ! s’écria la mère, tu ne nous quitteras pas ! Quand le printemps viendra, je t’enfermerai dans la chambre du Nord, à l’abri du soleil, de la chaleur, comme cela tu attendras sans danger l’hiver prochain.

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